Ce cimetière de village, près de Mantes-la-Jolie, aurait tout pour être admirable, un vieux porche, une belle déclivité, la forêt pour décor… Hélas, les trop nombreux tombeaux modernes rompent une partie de son charme.

On remarquera néanmoins, à gauche de l’entrée, la chapelle de la famille Damien.

C’est en haut, après la croix centrale, que nous attend la célébrité du lieu, le psychanalyste Jacques Lacan (1901-1981) qui avait acquis une propriété dans la commune en 1951 (il y dévoilait à ses amis connaisseurs la pièce majeure de sa collection, le scandaleux tableau de Gustave Courbet L’Origine du monde, désormais au musée d’Orsay, que cachait un panneau coulissant peint par André Masson).

Peut-on seulement imaginer ce que fut l’aura de Lacan lors de l’apogée du structuralisme et son influence sur les intellectuels de son époque ?
Sa dalle fort simple, que j’avais connue facile d’accès, est de plus en plus menacée par la végétation. Quant aux caractère de l’inscription, sa simple identité, ils seront, si rien n’est bientôt fait, effacés dans quelques années.

Près de lui repose Nathalie Maklès (1877-1960), mère de son épouse Sylvia (précédemment mariée à Georges Bataille et donc célèbre sous le nom de Sylvia Bataille), inhumée, elle, à Paris, au cimetière Montparnasse.

Au-dessus, la chapelle de la famille Pinard abrite la dépouille de Jean-Baptiste Pinard (1806-1893) à l’épitaphe éloquente : Ce fut un homme de bien. Maire de cette commune, il s’appliqua à la rendre prospère et soulagea l’infortune des malheureux. L’enceinte de ce cimetière fut construite à ses frais. Il fit édifier cette chapelle pour y réunir tous les siens. Mon Dieu, faites-lui la grâce de jouir avec eux du bonheur éternel. Ainsi soit-il.

Contre le mur supérieur, quelques fragments de tombeaux en sursis…